Roman d'Olivier Adam, éditions Flammarion, 2016, 267 pages.

Antoine a mis sa vie entre parenthèses et s'est enfui quand s'est abattu le cyclone du scandale qui a touché sa famille, quand sa mère a été prise dans la tourmente d'une accusation de harcèlement sexuel à l'égard de deux employées de la mairie, accusant le maire et son adjointe de les avoir contraintes à des actes avilissants.

Olivier Adam décrit l'état de sidération qui prend l'adolescent et le marque profondément, le laissant comme à la surface des choses, obligé de fuir, de s'isoler, incapable même d'aider son jeune frère, encore plus atteint que lui.

J'ai beaucoup aimé ce roman, la prose magnifique et la description d'un cercle familial étouffant.

Un roman de Sorj Chalandon, aux éditions Grasset, 316 pages.

Le narrateur est un enfant élevé par un père totalement mythomane et extrêmement violent. Il devient mythomane à son tour. On le retrouve beaucoup plus tard, adulte et père, assistant au déclin de son géniteur.

Sorj Chalandon nous entraîne dans un monde totalement fou et nous le suivons, admirant ses trouvailles, notamment à la fin, osant espérer qu'il ne s'agit pas de souvenirs...

Annie ERNAUX, éditions Gallimard, 2016, 151 pages.

J'ai eu un peu de mal à accrocher au récit de la première expérience sexuelle d'Annie Ernaux, en 1958, dans des conditions peu valorisantes pour elle et qui la marquera durablement. J'ai été gêné par cette totale absence de pudeur et d'amour propre qui la pousse à décortiquer son comportement d'alors jusque dans ses détails les plus honteux. Mais j'ai apprécié la fin et ses réflexions sur la reconstruction du passé: "en définitive, la démonstration édifiante que, ce qui compte, ce n'est pas ce qui arrive, c'est ce qu'on fait de ce qui arrive" ou "explorer le gouffre entre l'effarante réalité de ce qui arrive, au moment où ça arrive et l'étrange irréalité que revêt, des années après, ce qui est arrivé".

Roman de David Lagercrantz, Actes Sud, 482 pages, 2015.

J'étais un peu réservé quand j'ai appris que la famille de Stieg Larsson, qui s'était déjà illustrée en écartant des droits d'auteur la compagne qui avait partagé sa vie, montrait de nouveau son goût de l'argent en faisant écrire une suite à un autre auteur. Mais je dois dire que David Lagercrantz a relevé le défi et que j'ai retrouvé avec plaisir Lisbeth Salander, dotée d'une jumelle, et Mikael Blomkvist aux trousses d'une conjuration mondiale qui mêle la NSA et des truands liés au pouvoir russe.