Rien de bien nouveau dans ce livre, tant Lionel Duroy a déjà raconté dans de nombreux romans son enfance dans une famille nombreuse dysfonctionnelle mais une approche différente, en forme d'analyse et toujours ce manque absolu de pudeur dans la description de l'intime et du familial.
Rarement auteur sera allé si loin dans l'étalage de sa vie et de ses sentiments. Ou comment l'écriture peut sauver du désespoir tout en vous compliquant la vie et vous enfermant dans la solitude.
Roman de Lionel Duroy, aux éditions Julliard, 2019, 222 pages.
L'auteur duChagrin revient sur son histoire familiale. Après s'être mis toute sa famille à dos pour avoir raconté l'histoire terrible de leur enfance, il décrit ici les retrouvailles, après trente ans de brouille. Un repas est organisé dans son refuge provincial et presque tout le monde est là, y compris ses deux anciennes femmes. C'est l'occasion de réécrire l'histoire, avec toujours la même profondeur psychologique et d'entendre le point de vue des frères et soeurs, parfois très différent de celui de l'auteur. C'est aussi le moment de vérifier la solidité de l'amour fraternel.
Vipère au poing en version famille nombreuse. William grandit dans une famille de dix enfants qui voudrait bien avoir l'air, mais qu'a pas l'air du tout (comme dit Brel). La mère veut absolument vivre en bourgeoise; le père va de combine en combine pour répondre à ce désir et les huissiers sont souvent au seuil de la porte. D'expulsion en expulsion, la famille atterrit dans une banlieue populaire, comble de la déchéance pour les Dunoyer de Pranassac. Les collèges privés n'étant pas payés, certains enfants ne sont plus scolarisés et toujours, Toto, le père, bricole, ment, trouve des solutions qui n'en sont pas.
C'est très fort, étonnant, angoissant et c'est pourtant largement autobiographique. On mesure combien, parfois, les enfants, à l'école, sont à des lieues de pouvoir étudier, quand l'électricité est coupée et qu'il n'est pas évident de pouvoir seulement manger à sa faim.