Une exposition du Fonds Hélène et Edouard Leclerc, à Landerneau.
C'est une bonne idée de suivre le cheminement de deux artistes, Joan Mitchell (1925-1991) et Jean-Paul Riopelle (1923-2002), qui nouèrent une relation sentimentale et influèrent l'un sur l'autre pendant les quelques vingt-cinq ans que dura cette relation.
La grande halle a été séparée en plusieurs salles qui marquent les étapes de la relation et le couloir central montre des photos de ces différentes périodes, "Avant la rencontre", "La rencontre et ses effets", "Les années rue Frémicourt: résonances et dissonances", "Les ateliers de Vétheuil et de Saint-Cyr-en-Arthies: les territoires distincts", "Canada et nordicité: expression de deux solitudes", Vers la rupture", "Epilogue: décès de Joan Mitchell".
Impossible, ici d'entrer dans le détail de cette évolution, illustrée par des tableaux de grand format, dont certains, surtout ceux de Riopelle, m'ont beaucoup plu.
Juste deux ou trois, pour vous donner envie d'y aller.
Le choix est difficile...
D'abord le Riopelle des débuts, celui que je préfère
Hommage à Robert le Diabolique, 1953
Le perroquet vert, 1949
Avalanche, 1957
et puis un, plus tardif
Piroche, 1976
Et, pour Joan Mitchell,
Sans titre, 1951
Sans titre, 1955
Ou, plus tard,
Champs, vers 1972
Un jardin pour Audrey, 1974. Certains ont vu une influence de Monet et de ses nymphéas dans la partie gauche du diptyque, ce qu'elle refusait de reconnaître.
Courez vite voir cette expo. C'est jusqu'au 22 avril.
Et puis, vous pouvez aussi manger au petit restau thaïlandais "le Thaïland'erne", 18 rue de la Fontaine Blanche (je n'ai pas d'actions dans la maison, mais c'est sympa).
La fondation Hélène et Edouard Leclerc frappe encore un grand coup en exposant un des plus grands artistes vivants, le sculpteur britannique Henry Moore. Dès la cour, dallée en pierre jaune de Logonna, nous sommes confrontés à quelques specimens de son oeuvre monumentale.
L'exposition est organisée par thèmes, apprentissage, la tentation de l'abstraction, surréalisme, etc.
Difficile de classer ce touche-à-tout, qui a appartenu à diverses écoles sans jamais s'y enfermer.
Abstraction,
surréalisme
thème de la famille
et maquettes d'oeuvre monumentales sont illustrés ici
Car Henry Moore aime se confronter à la réalité des espaces extérieurs, comme nous l'avions remarqué, il y a plusieurs années, au musée Louisiana de Copenhague
ce bas relief d'un bâtiment de Rotterdam en est la preuve, qui rappelle certaines rélisations de l'antiquité mésopotamienneee
et comme nous le montre aussi une de ses "large reclining figures", exposée sur les bords de l'Elorn
Le fonds Hélène et Edouard Leclerc vient encore de frapper un grand coup avec l'exposition Giacometti
Une place de choix est, bien entendu, offerte à la sculpture universellement connue de "l'homme en marche" mais les autres aspects de son oeuvre protéiforme ne sont pas oubliés.
par exemple, la "tête-crâne", illustrant sa période cubiste
ou encore,cette sculpture, nommée "le couple" (1926-27)
Giacometti a aussi participé, un temps, au mouvement surréaliste
avec cette "femme-cuillère", en 1927
ou avec cet homme (Appollon) en 1929
ou cet "objet surréaliste", en 1932
Dans son minuscule atelier du quartier du Montparnasse, à Paris, il traque pendant plus de 30 ans les formes des corps et les expressions des visages
L'atelier de 23 mètres carrés
ici un portrait de Giorgio Suavi (1963), un de ses confrères italiens,
ou ce nu debout sur socle cubique (plâtre retravaillé au canif et peint, plâtre de tirage et bronze). Giacometti exposait aussi bien les plâtres que les bronzes.
Une fois de plus, la halle de Landerneau se prête admirablement à un événement artistique de cette ampleur et c'est une chance d'avoir un tel lieu et des expositions de cette ampleur si près de chez nous.
Le Fonds Edouard et Hélène Leclerc a encore frappé un grand coup avec sa dernière exposition, consacrée à Jean Dubuffet, le pape de l'art brut.
Fils de marchand de vins du Havre devenu marchand de vins à son tour, Jean Dubuffet, qui a toujours aimé peindre et dessiner, décide de devenir peintre à plein temps et, après quelques études, telles que cette leçon d'anatomie,
ou des portraits d'amis écrivains, comme ici celui de Jouhandeau,
il commence à s'extraire des conventions picturales, comme dans ce Desnudus (1945)
et abandonne progressivement toute référence.
Suit une longue période de recherches, comme ce paysage aux argus, collage d'ailes de papillons
ou ce Coursegoules (1956). Dubuffet jette les bases de l'art brut, prétendant avec quelques autres que tout le monde est artiste et peut créer.
mais, peu à peu, émerge un style bien à lui, qui fait qu'on reconnait une oeuvre de Dubuffet, c'est la période de l'Hourloupe, utilisant quelques couleurs de base et des plages hachurées.
Il explore avec ce style les arts décoratifs, l'architecture (comme ici avec ce projet de Salon d'été qui devait être installé en bas de l'immeuble de la Régie Renault)
et même le spectacle, avec les personnages de Coucou Bazar, qui évoluent lentement sur scène dans une environnement de lumières et de musique.
ou ce Monument au Fantôme
ou encore cette Tour, très fantasmée.
A la fin de sa vie, il revient à une multitude d'oeuvres réalisées très rapidement, de façon quasi automatique
C'est à cette lithographie datant de 1980 que les concepteurs ont emprunté le titre de l'exposition qui occupe actuellement l'espace de la Fondation Hélène et Edouard Leclerc. Et, après les expositions consacrées à Fromanger et à Kersalé, ils se hissent au niveau national, voire international, pour cette importante rétrospective Miró. La plupart des oeuvres sont issues de la collection Maeght qu'on peut admirer toute l'année à Saint-Paul-de Vence.
On imagine la difficulté pour organiser une exposition à partir d'une oeuvre aussi foisonnante et protéiforme que celle du Catalan. Cinq grands thèmes tentent de le faire
Miró explorateur,
Miró artificier,
Miró inventeur d'objets mentaux,
Miró penseur,
Miró, navigateur de l'air.
Comme d'autres peintres de sa génération, Miró (1893-1983) a dynamité les codes de la peinture académique, ainsi que le montre, par exemple, ce tableau intitulé "le chant de la prairie", 1964, (huile sur toile, 193,5 x 130 cm).
C'est le côté explorateur qui m'a le plus intéressé. Il semble qu'il ait tout essayé, tant en ce qui concerne les supports que les couleurs. Ici fusain, encre de chine, aquarelle et gouache se mêlent sur une oeuvre sans titre de 1974.
"Les oiseaux de proie fondent sur nos ombres" (1970) est une peinture à l'huile sur peau de vache (250 x 200 cm).
Ou encore il peut peindre sur des toiles en partie brûlées (1973, 130 x 195 cm).
Miró a aussi beaucoup exploré le domaine de la gravure, notamment la lithographie, comme le montrent les oeuvres ci dessus, rehaussant parfois ses gravures de touches de peinture (tableau de droite). De haut en bas: le croc à phynances, l'automobiliste à moustache et le pitre rose.
La sculpture lui a aussi donné l'occasion de faire preuve d'imagination et de créativité dans les formes, les couleurs, les matières.
Même inventivité dans le domaine de la tapisserie
ou de la céramique
sans oublier le monde de l'affiche où il sut, là encore, affirmer son art.